Beaucoup de gens se demandent s'ils peuvent être obèses (selon l'IMC) et en bonne santé malgré tout. Les chercheurs se sont penchés sur la question.
Dès 2013, l'Association médicale américaine (la plus importante association de médecins et d'étudiants en médecine des États-Unis) a considéré l'obésité comme une maladie. Leur objectif était de sensibiliser le public aux complications métaboliques qui accompagnent souvent l'obésité, ainsi qu'au risque accru de maladie cardiaque et de diabète de type 2.
Pendant ce temps-là, certaines études ont suggéré qu'il y a des personnes obèses qui sont en parfaite santé, et qui ne devraient donc pas être classées cliniquement comme "malades".
Cependant, des études récentes, réalisées à grande échelle, remettent en question cette croyance, et suggèrent que "être obèse et en bonne santé" n'est rien d'autre qu'un mythe. Cet article vous apporte les explications.
> L'obésité métaboliquement saine augmente le risque de développer un syndrome métabolique (étude d'avril 2018)
Conduite par des chercheurs du Centre Médical Wake Forest (Caroline du Nord, Etats-Unis) et publiée dans le numéro de mai 2018 du Journal of American College of Cardiology, une étude américaine révèle que des personnes ayant une surcharge pondérale de 15 kilos ou plus devraient envisager de perdre du poids si elles veulent réduire leurs risques de développer des problèmes de santé graves plus tard dans la vie (y compris le diabète, les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux), même s'ils n'ont actuellement aucun autre problème de santé.
"La sagesse médicale commune a été que certaines personnes obèses semblaient être en bonne santé et exemptes de maladies cardiaques, donc on ne leur a pas conseillé de maigrir ou de prendre d'autres mesures pour prévenir de futures maladies cardiaques", déclare Morgana Mongraw-Chaffin, doctorante - professeur adjoint de sciences de la santé publique au centre médical Wake Forest et auteur principal de l'étude, dans un communiqué de presse.
Son étude a inclus 6 809 participants souffrant d'obésité métaboliquement saine (OMES). Les chercheurs ont défini ceux ayant une OMES comme présentant un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 30 et possédant au moins l'un des facteurs de risque de syndrome métabolique suivants : hypertension artérielle, hyperglycémie, mauvais taux de cholestérol, présence de graisse abdominale. Tout participant ayant une maladie cardiovasculaire a été exclu.
Les chercheurs ont suivi les participants pendant 12 ans. Tous les 2 ans, les participants subissent une évaluation clinique. Les chercheurs ont constaté que près de la moitié des participants ont développé un syndrome métabolique au cours de l'étude.
Pourquoi est-ce important ? Parce que, selon l'Institut National du Sang, du Cœur et des Poumons (une institution gouvernementale américaine s'occupant de la recherche médicale et biomédicale), le syndrome métabolique augmente le risque de développer toutes sortes de problèmes de santé graves (y compris les maladies cardiovasculaires, le diabète et les accidents vasculaires cérébraux).
Bien que cette étude n'ait pas établi une corrélation directe entre l'OMES et les maladies cardiaques, elle a montré un lien entre l'OMES et la probabilité supérieure de développer un syndrome métabolique (en comparaison avec les personnes qui ont un poids corporel normal).
"Dans cette recherche, nous avons spécifiquement cherché à voir si cette progression était associée à un risque plus élevé de maladie cardiaque et nous avons constaté que c'était", a déclaré Mongraw-Chaffin. "L'obésité métaboliquement saine n'est pas un indicateur stable ou fiable du risque futur de maladie cardiovasculaire : à l'heure actuelle, il n'existe aucun moyen de savoir quels 50% vont progresser et quels autres ne vont pas."
> Pouvez-vous être en bonne santé et obèse ? Impossible selon une étude de mai 2017
Avec l'obésité affectant plus d'un quart à plus d'un tiers de la population adulte des pays développés (selon le pays), la question de savoir s'il existe une "obésité saine" est plus importante que jamais. Une étude présentée en mai 2017 a examiné si les personnes atteintes d'obésité courent systématiquement un risque accru d'autres maladies.
Cette étude - la plus importante jamais réalisée sur cette question - a été réalisée par des chercheurs de l'Université de Birmingham (Royaume-Uni) et les résultats ont été présentés lors du Congrès européen sur l'obésité, tenu à Porto (Portugal) du 17 au 20 mai 2017.
Les chercheurs ont étudié le lien entre l'obésité et la santé métabolique. Ils ont analysé les dossiers médicaux de 3,5 millions d'adultes vivant au Royaume-Uni entre 1995 et 2015 qui étaient inscrits dans le "Réseau d'amélioration de la santé". Les participants n'avaient aucun antécédent de maladie cardiovasculaire.
Les scientifiques ont divisé l'échantillon de cette population en plusieurs groupes, en fonction de leur IMC. Ils ont également décomposé cette population de 3,5 millions d'adultes en sous-groupes en fonction de leur santé métabolique (c'est-à-dire si ces adultes avaient ou non des troubles métaboliques tels que le diabète, l'hypertension artérielle ou des taux anormalement élevés de graisses dans le sang).
La division des groupes en fonction de leur santé métabolique a entraîné quatre stades d'anomalie métabolique. Ceux-ci étaient : 0, 1, 2 et 3.
Les chercheurs ont défini le stade "en bonne santé", soit le niveau 0 sur l'échelle métabolique, comme le fait de ne présenter aucun signe de maladie métabolique, d'avoir des niveaux normaux de pression artérielle et de cholestérol, et de ne présenter aucun signe de diabète. Les scientifiques ont également surveillé les participants qui ont développé des troubles cardiovasculaires.
Les résultats de l'étude sont sans appels : les personnes atteintes d'obésité sont 96% plus susceptibles d'avoir une insuffisance cardiaque ! Voici les détails.
Dans l'ensemble, au cours de la période de suivi (20 années), plusieurs problèmes de santé graves sont survenus. Ces cas étaient les suivants : 61 546 cas de maladie coronarienne, 54 705 cas d'accident vasculaire cérébral et de mini congestion (nom familier pour un accident ischémique transitoire), 25 254 cas d'insuffisance cardiaque et 23 797 cas de maladie vasculaire périphérique.
Statistiquement, cela représentait un risque beaucoup plus élevé d'événements cardiovasculaires indésirables chez les personnes jugées obèses.
Plus précisément, les personnes atteintes d'obésité mais considérées comme en bonne santé étaient 49% plus susceptibles de développer une maladie coronarienne, et 96% plus susceptibles d'avoir une insuffisance cardiaque.
De plus, les personnes obèses avaient 7% plus de risques d'avoir un accident vasculaire cérébral.
L'auteur principal de l'étude, le docteur Rishi Caleyachetty, commente l'importance des résultats ainsi : "L'idée d'être obèse et en bonne santé est un mythe. Notre travail montre que les personnes obèses soi-disant "métaboliquement en bonne santé" courent toujours un risque plus élevé de maladies coronariennes, de maladies cérébro-vasculaires et d'insuffisance cardiaque que les individus ayant un poids normal et en bonne santé."
"La priorité des professionnels de la santé, concernant ces patients obèses mais qualifiés d'être en bonne santé, devrait être de promouvoir et d'encourager une perte de poids, comme c'est le cas avec tout autre patient ayant un embonpoint excessif, sans exception", ajoute-t-elle.
Voici une vidéo qui fait découvrir les comportements simples qui aident à enrayer l'obésité (extraite de l'émission "C'est pas sorcier" sur France 3) :
> Il n'existe pas d'obésité saine selon une autre étude (décembre 2013)
Vous avez probablement déjà entendu quelqu'un dire "J'ai des kilos en trop mais je suis en parfaite santé !" Selon les auteurs d'une méta-analyse des études existantes, publiée en décembre 2013 dans la revue Annals of Internal Medicine, ce n'est qu'un mythe.
Les scientifiques savent que certaines personnes en surpoids peuvent être "métaboliquement en bonne santé". Cela signifie qu'en dépit d'avoir un indice de masse corporelle (IMC) élevé, quelqu'un peut avoir un petit tour de taille, une tension artérielle normale et un faible taux de cholestérol, tout en montrant peu voire aucun risque de développer un diabète.
Et l'inverse est également vrai, des personnes minces peuvent être en mauvaise santé métaboliquement parlant, avec une pression artérielle élevée, une cholestérolémie élevée et beaucoup de graisse qui s'accumule seulement autour de leur ventre (ce qui est un risque connu de maladie cardiaque).
Ce genre de paradoxe met en évidence "la complexité de la relation entre poids et mortalité", écrivent les auteurs de cette méta-analyse. Un grand nombre de facteurs produisent une incidence sur la santé cardiovasculaire d'une personne, notamment le temps qu'elle consacre au sport et le moment où elle a pris du poids.
Voici les détails de cette méta-analyse.
Les chercheurs ont évalué 8 études, portées sur un total de plus de 60 000 participants. Toutes ces études ont enregistré l'IMC des participants et leur statut métabolique, ainsi que tout événement cardiovasculaire (mortel ou non), comme une crise cardiaque.
Les analystes de données ont divisé les 60 000 participants en cinq groupes :
Métaboliquement en mauvaise santé et poids normal.
Métaboliquement en mauvaise santé et en surpoids.
Métaboliquement en mauvaise santé et obèse.
En surpoids mais métaboliquement en bonne santé.
Obèse mais métaboliquement en bonne santé.
Ils ont ensuite comparé le nombre d'événements cardiovasculaires qui se sont produits dans chacun de ces 5 groupes avec leur groupe de contrôle (un échantillon de gens ayant un poids normal et qui sont métaboliquement en bonne santé).
Les résultats ne sont guère surprenants. Comme ils s'y attendaient, les chercheurs ont constaté que leur groupe témoin (ceux qui ont un poids normal et sont métaboliquement en bonne santé) avait le moins d'événements cardiovasculaires de tous les groupes.
Ils ont également constaté que le fait d'être en mauvaise santé métaboliquement vous expose à un risque plus élevé de maladie cardiovasculaire, même si votre IMC se trouve dans une gamme normale. En fait, les personnes du groupe "métaboliquement en mauvaise santé et poids normal" ont eu le même risque que le groupe "obèses mais métaboliquement en mauvaise santé" à court terme.
Ce qui était peut-être plus surprenant était le fait que les chercheurs ont trouvé peu de différence dans le risque de maladie cardiaque entre les individus du groupe "en surpoids mais métaboliquement en bonne santé " et les personnes du groupe de contrôle ("en bonne santé métaboliquement et un poids normal"). La même chose était vraie pour le groupe des personnes "métaboliquement en bonne santé et obèses".
Dans ce cas, pourquoi disent-ils qu'être obèse et en bonne santé en même temps n'est qu'une utopie ? Parce que lorsque les chercheurs ont examiné spécifiquement les études qui ont suivi les participants pendant au moins 10 ans, ils ont trouvé que le groupe "obèse mais métaboliquement en bonne santé" avait un risque accru de décès et d'événements cardiovasculaires par rapport à ceux du groupe de contrôle (ayant un poids normal et qui sont métaboliquement en bonne santé).
Et pourquoi certaines études antérieures ont suggéré que vous pouvez être en surpoids et en bonne santé ?
Les auteurs de cette méta-analyse affirment que ces anciennes études incluaient des individus métaboliquement en mauvaise santé dans les groupes de contrôle (ayant un poids normal), ce qui a influencé leurs résultats.
Mise en garde : toute étude a quelque chose que les scientifiques n'ont pas pu contrôler ou n'ont pas analysé, ce qui pourrait affecter les résultats. Les 8 études analysées par les auteurs de cette méta-analyse ne contenaient pas toujours suffisamment d'informations sur les comportements santé des participants (tels que les aliments qu'ils mangeaient, s'ils fumaient ou non...), et ne recueillaient pas de données sur la prise de poids des participants au fil du temps. De plus, tous les groupes d'âge n'étaient pas représentés de manière égale dans ces 8 études.
A retenir : l'excès de poids affectera votre corps, même si les dommages ne sont pas apparents tout de suite, disent les auteurs de cette méta-analyse. Et les personnes ayant un poids normal ne devraient pas se considérer en bonne santé sans vérifier leur taux de cholestérol, de tension artérielle et de glucose dans le sang.
L'obésité fait des ravages sur la santé et le bien-être des gens. Accepter qu'aucun niveau d'obésité n'est acceptable est une étape importante vers la décision d'utiliser au mieux les ressources scientifiques et la volonté politique des gouvernements, pour élaborer et mettre en oeuvre des stratégies afin de combattre l'épidémie d'obésité.
> Le mot de la fin
C'est loin d'être les premières recherches à indiquer un lien entre l'obésité et les problèmes de santé à long terme. Une étude plus ancienne a révélé que 40% des cancers sont liés au surpoids.
Beaucoup de facteurs pourraient expliquer une obésité. Tout, de l'environnement du lieu de travail à l'attitude de votre conjoint, en passant par vos gènes ou votre passivité physique, peut influencer votre poids, et l'alimentation occidentale moderne n'aide certainement pas à conserver un poids sain (notamment à cause d'une présence trop importante de plats transformés).
Peu importe la cause de l'obésité, il y a beaucoup de choses que vous pouvez faire pour changer ces chiffres sur la balance, y compris bien manger et faire de l'exercice régulièrement. Pour bien démarrer, consultez les nombreux articles de notre site RegimesMaigrir.com qui donnent plein de conseils pour perdre du poids sainement.
Pensez-vous qu'être obèse et en bonne santé en même temps n'est qu'un mythe, ou qu'au contraire c'est vraiment possible ? Si vous avez aimé cet article, merci de le recommander sur Facebook, de le tweeter, de lui donner un vote +1 sur Google Plus.
A propos de l'auteur : Sandra Maribaux Directrice de la publication et rédactrice
Titulaire d'un MBA, Sandra Maribaux est passionnée de nutrition, diététique et fitness. Depuis 2005, elle a lu plus de 3000 ouvrages spécialisés et études scientifiques en rapport avec ces domaines. Elle rédige des articles dans ces thématiques pour RegimesMaigrir.com et d'autres sites depuis 2007. Elle a publié plus de 2000 articles, couvrant une grande variété de sujets relatifs à l'alimentation saine, à l'amincissement, à la pratique sportive.
Cet article est basé sur des preuves scientifiques, écrit par des experts et vérifié par des spécialistes.
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