La graisse brune aide à perdre du poids

Auteur Sandra Maribaux
Auteur : Sandra Maribaux, publié le 16/04/2009
Relu par le comité de rédaction

Pour la plupart des gens, la graisse est un fardeau, peu importe si elle apparaît sous la forme de cellulite sur les cuisses ou de mauvais cholestérol dans nos veines.

Si la graisse a souvent une mauvaise image auprès des gens, il s'avère que notre corps possède aussi la graisse brune, une forme unique de tissu adipeux qui se comporte de manière remarquablement différente de toute autre graisse. Plutôt que de stocker de l'énergie apportée en excès dans l'organisme, cette graisse brune en brûle.

Cette graisse est appelée graisse brune par opposition à la graisse qui nous est familière, la graisse blanche. Son nom vient de sa concentration anormalement élevée de mitochondries (les moteurs qui alimentent l'activité des cellules) de couleur sombre. Une série de documents publiés dans la revue scientifique "New England Journal of Medicine" confirme pour la première fois que des adultes en bonne santé ont ce tissu adipeux en réserve. Les chercheurs espèrent approfondir leur connaissance désormais de cette graisse brune en tant que nouveau traitement de perte de poids.

Jusqu'à présent, seuls les rongeurs et les nouveau-nés humains étaient connus d'avoir des dépôts significatifs de graisse brune. Le but principal de la graisse brune est de réguler la température du corps : les cellules remplies de mitochondries sont conçues pour brûler des quantités importantes de sucre, le carburant du corps, et pour libérer cette énergie sous forme de chaleur. Il s'agit d'un mécanisme sur lequel les nouveau-nés humains, fraîchement sortis de la chaleur de l'utérus , s'appuient pour se tenir au chaud.

Toutefois, lorsque les gens vieillissent le corps devient de plus en plus apte à réguler sa température, donc les réserves de graisse brune rétrécissent et la graisse blanche commence alors à émerger. D'un point de vue biologique, la graisse brune est aussi très inefficace, car les cellules n'ont pas besoin de chaleur pour fonctionner, mais elles utilisent l'ATP, un autre produit chimique produit par les mitochondries.

Les adultes qui possèdent des quantités significatives de graisse brune sont généralement ceux qui ont certains types de cancer ou d'hyperthyroïdie, des maladies qui stimulent la croissance de la graisse brune.

Mais le docteur Sven Enerbäck de l'Université de Göteborg (Suède) a montré, en utilisant les dernières technologies d'imagerie, que des adultes en bonne santé conservent une importante quantité de graisse brune à l'avant et l'arrière du cou. (cette découverte a constitué une surprise, étant donné que chez les rongeurs, les dépôts ont tendance à se trouver à l'arrière, autour des omoplates). Le docteur Enerbäck et son équipe ont étudié cinq patients et ont confirmé, en utilisant l'analyse génétique, que les cellules situées autour du cou étaient en effet la graisse brune.

Dans un sens, les scientifiques ont connu cette graisse brune depuis des années sans l'appeler ainsi. En scannant les patients avec la tomographie par émission de positrons (TEP), une technique d'imagerie souvent utilisée sur des patients atteints de cancer afin de détecter la propagation des tumeurs, les scientifiques ont depuis longtemps pris note de l'excédent de l'activité des cellules de graisse brune dans leurs images. Ils n'avaient tout simplement pas réalisé de ce qu'ils étaient en train de regarder.

La graisse brune vue au microscope comparée à la graisse blanche. Zoom sur la graisse brune en bas.
La graisse brune (à gauche) vue au microscope comparée à la graisse blanche (à droite). Zoom sur la graisse brune en bas.


Comme la TEP relève l'activité de combustion du glucose dans les cellules, les points chauds visibles sur les images scannées par TEP des patients atteints de cancer indiquent généralement des tumeurs en croissance active. Mais après avoir fait des biopsies, les médecins ont constaté que ces points chauds situés dans le cou de la plupart de leurs patients cancéreux n'étaient pas cancéreux du tout. Ces points chauds s'avèraient être des dépôts de graisse brune.

"Nous étions en train d'identifier si les zones relevées par la TEP correspondent à un véritable tissu adipeux brun, et je pense que nous avons plus ou moins prouvé que c'est le cas", dit le docteur Enerbäck qui a constaté que ces cellules mystérieuses dans le cou ont montré les mêmes protéines que celles contenues dans la graisse brune.

Identifier la présence de graisse brune est une chose, mais l'activer pour brûler plus de glucose en est une autre. Deux études dans la revue "New England Journal of Medicine", y compris celle du docteur Enerbäck, ont confirmé que les cellules de graisse brune deviennent plus actives dans le froid (ils ont constaté cela lorsque les participants devaient stimuler la température de leur corps). Le docteur Enerbäck a vu une augmentation de l'activité quand il a plongé un pied de chaque participant dans un bain de glace lorsqu'ils étaient analysés par le scanner.

Dans une autre étude, des chercheurs de l'Université de Maastricht (Pays-Bas) ont également noté une plus grande activité de la graisse brune chez les patients qui avaient été mis dans une chambre froide de 16°C pendant deux heures.

Mais avant de réduire tous nos chauffages, il faut savoir si la graisse brune peut effectivement provoquer une perte de poids. Là dessus, les scientifiques sont formels. La graisse brune peut modifier l'équilibre entre apports et dépenses caloriques - en permettant à une personne de brûler davantage de calories avec la même quantité de nourriture - sans devoir faire davantage d'exercices physiques. Avec la graisse brune, nous avons un tissu adipeux qui fonctionne avec le seul objectif de brûler de l'énergie.

Sur la base de modèles animaux, les chercheurs ont calculé que 50 grammes de graisse brune (soit moins que ce que les chercheurs ont trouvé dans leurs patients bénévoles) pourraient brûler environ 20% de l'apport calorique quotidien moyen d'une personne.

Dans une troisième étude publiée dans la revue "New England Journal of Medicine", les chercheurs ont constaté que les personnes maigres ont tendance à avoir davantage de dépôts de graisse brune que les personnes en surpoids ou obèses.

Autre fait intéressant relevé par cette troisième étude, les femmes étaient deux fois plus susceptibles d'avoir de la graisse brune active que les hommes.

Néanmoins, les résultats ne signifient pas forcément que l'activation de la graisse brune permet de perdre du poids.

D'abord, il faut savoir que le corps est particulièrement efficace dans sa fonction de maintenir l'équilibre, c'est pourquoi une augmentation de la combustion des calories peut souvent déclencher un signal de faim et amener les gens à manger davantage pour compenser la perte d'énergie. Ensuite, même si les compagnies pharmaceutiques pouvaient trouver un moyen d'activer la graisse brune de manière sûre, cette activité en excès pourrait perturber d'autres systèmes métaboliques et nuire à votre santé. Après tout, les gens qui ont le plus de graisse brune active à ce jour sont ceux qui ont le cancer et l'hyperthyroïdie.


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Photo portrait de l'auteur Sandra Maribaux
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